Le Monde

Triathlon: malgré les annulations, les athlètes gardent la motivation

La pandémie de Covid-19 a eu raison de bons nombres d’épreuves sportives. L’Ironman d’Hambourg, mais aussi celui de Nice, ont été annulés. Pour les athlètes, c’est l’arrêt forcé d’une préparation de plusieurs mois, durant lesquels soirées et autres festivités ont dû être sacrifiées.

Un Ironman, c’est 3,8 kilomètres de natation, 180 kilomètres de vélo et 42,195 kilomètres de course à pied. Le défi d’une vie, pour certains, l’envie de tester ses limites pour d’autres. La discipline, bien que difficile, séduit chaque année de nouveaux athlètes, franchissant le pas de l’épreuve XXL du triathlon. Pour Olivier Carrière, 24 ans, comme pour Lise Vaneukem, 26 ans, les rêves de ligne d’arrivée se sont transformées, coronavirus oblige, en heures d’entraînement confinés.

Le résident lyonnais devait réaliser le Frenchman d’Hourtin, près de Bordeaux, prévu le 23 mai. La Belge était inscrite pour l’Ironman d’Hambourg, le 21 juin. Triathlète depuis trois ans, Lise Vaneukem a eu du mal à encaisser la nouvelle. “J’avais démarré mon entraînement en décembre. J’y allais le midi, le soir. J’ai raté des soirées pour m’entraîner à la place, donc il y a beaucoup de frustration.”, souffle-t-elle.

Des mois d’entraînements depuis décembre

Pour autant, l’annulation de ce qui devait être leur premier triathlon sur distance Ironman n’a pas anéanti leur motivation. “Je continue à m’entraîner à peu près autant. La motivation, elle est là“, assure Olivier Carrière. “J’essaie de ne pas sortir par contre. Donc pour la course à pied, c’est non. Pour la partie natation, je fais du renforcement musculaire au niveau des épaules. Et je fais surtout beaucoup de vélo, entre 12 et 14 heures par semaine.”

Durant ces dernières semaines, nos équipes à travers l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique ont travaillé étroitement…

Gepostet von IRONMAN France am Montag, 6. April 2020

Sur Zwift, la plateforme virtuelle qui ravit les cyclistes confiné(e)s, comme Lise Vaneukem. “J’ai la chance d’avoir un bon groupe d’amis sportifs, donc on se rejoint sur le jeu. Cela reste un lien convivial et social dans cette période de confinement”, pointe la triathlète. En attendant les dates de report – à l’automne ou à l’an prochain – des triathlons, comment continuer à s’entraîner, sans objectif à court ou moyen terme?

La qualité avant la quantité

Pour Frédéric Hurlin, éducateur sportif et spécialiste des sports d’endurance, la situation est “compliquée”. “Quand tu prépares un Ironman et que tu veux bien le faire, c’est beaucoup d’investissement. Là, on te coupe l’herbe sous le pied. Pour les 25 athlètes qu’il encadre, il tente de varier au maximum les efforts. “Pour éviter les longues heures de home-trainer, je leur conseille de faire l’échauffement et le retour au calme en footing.”

L’entraîneur met également l’accent sur le danger du surentraînement. “L’un de mes athlètes est passé de 12 heures d’entraînement par semaine à 22 heures. Je lui ai dit d’arrêter, car le jour où il pourra sortir le vélo dehors, il en aura marre. En attendant le déconfinement, il vaut mieux “travailler la qualité de sa foulée, de son coup de pédale, faire des choses que l’on a pas l’habitude de faire”.

Pour casser la routine et ajouter un peu de compétition, Frédéric Hurlin propose des défis. La puissance maximum tenue sur 20 minutes à vélo par exemple, mais aussi un challenge de gainage. “Cela crée une émulation de groupe, mais ça ne remplacera jamais un triathlon”, regrette-t-il. Pour ses athlètes résidant en France – où la fin du confinement est prévu le 11 mai -, l’entraîneur leur a prévu “une reprise progressive”.

“La semaine du 4 au 10 mai est plus cool, avec moins d’entraînements. Il faut se préparer à reprendre un rythme différent, pour aller déposer les enfants à l’école ou retourner au travail.” Retourner au travail, avant de retourner à l’entraînement. Et finalement, rattacher un dossard et retrouver la compétition.

À lire aussi : Femmes et confinement : stop aux diktats ?

À lire aussi : La Biélorussie, nouvel eldorado des parieurs sportifs

Etienne Dujardin

@Etienne_Duj