Le cinéma catastrophe avait-il déjà tout prévu? En pleine crise du coronavirus, plongée dans cinq films d’épidémies.
Et si la réalité s’inspirait du cinéma catastrophe? Distanciation sociale, confinement, état d’urgence: nous avons étudié les liens entre le cinéma et la réalité dans cinq films d’épidémie. Panic in the streets d’Elia Kazan, The Crazies de George A. Romero, Rage de David Cronenberg, Contagion de Steven Soderbergh et Pandémie de Sung-Soo Kim: chacun d’entre eux tient un discours sur l’épidémie. C’est à découvrir dans notre vidéo !
• Panic in the streets, Elia Kazan, 1950
C’est en film policier que Panic in the streets aborde les débuts d’une épidémie de peste à la Nouvelle-Orléans. Dans une course contre la montre, le docteur Reed tente de retrouver les personnes ayant été au contact d’un immigré clandestin porteur de la peste pulmonaire. Le virus est dès lors incarné par une bande de malfrats, qu’Elia Kazan assimile au fléau du communisme dans une Amérique en proie à la chasse aux sorcières. L’esthétique mi-documentaire mi-expressionniste fait de ce film un bel objet cinématographique dont la fin légère – façon comédie hollywoodienne – nous apparaît aujourd’hui bien irréelle.
• The Crazies, George A. Romero, 1973
Une armée d’hommes en blanc tirant sur des habitants contaminés par une épidémie de démence après avoir bu l’eau du robinet: l’image symbolise bien la surpuissance de la force militaire, envoyée par le gouvernement américain pour mettre la ville d’Evan City en quarantaine. Dès lors, George Romero fait de The Crazies une violente contestation de la guerre du Vietnam. Dans ce schéma manichéen s’opposent une milice déshumanisée et une bande de hippies en fuite dans les bois. Malgré son découpage narratif un brin simpliste, le montage brut et les plans pris à la volée confèrent au film une certaine urgence, vif écho de la crise du coronavirus.
• Rage, David Cronenberg, 1977
Chez Cronenberg, quand des médecins esthétiques jouent aux apprentis sorciers, ça donne une épidémie de rage sévèrement réprimée par la loi martiale (un clin d’œil aux Crazies de George Romero). Suite à une opération de greffe de peau, Rose – jeune motarde – est condamnée à s’alimenter du sang de ses victimes, diffusant ainsi le virus dans la région de Montréal. La charge érotique de la contamination est renforcée par le choix de Marilyn Chamber, ex-star du porno, dans le rôle principal. Le réalisateur canadien manie le genre de l’horreur de main de maître, à grand renfort d’ironie, d’angoisse et d’hémoglobine.
• Contagion, Steven Soderbergh, 2011
Une Américaine adultère de retour de Chine est porteuse d’un virus inconnu et fulgurant, qui se propage rapidement au reste de la planète. Outre la mise en scène froide et mécanique de l’avancée du virus et le choix audacieux de décimer les vedettes les unes après les autres (Gwyneth Paltrow, Kate Winslet), le thriller ne présente rien de bien original. Tout son intérêt réside dans son aspect prophétique. Quarantaine, confinement, distanciation sociale, virus de provenance animale, complexes sportifs réquisitionnés pour aliter les malades, fosses communes : Steven Soderbergh avait décidément tout prévu.
• Pandémie, Sung-Soo Kim, 2013
Un virus inconnu et mortel s’attaque à une banlieue de Séoul, bientôt à la merci du chaos. Le film évoque des enjeux de géopolitique à travers une ingérence américaine dans la prise de décision politique en Corée du Sud. Simpliste, surjoué et bourré d’incohérences, on vous conseille de passer votre chemin.
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Jules Boiteau et Apolline Guillerot-Malick
@JulesBoiteau / @apollinegui/ @unpdeuxailes