Pendant le confinement, Zohra Chopin continue de travailler en maternité, dans des conditions difficiles. Depuis le 23 avril, elle suit également le Ramadan. Un cumul qui engendre fatigue et stress pour la sage-femme.
“Une journée de Ramadan commence très tôt. Je fais ma prière. Actuellement, elle est à 5h42.” Devant la caméra de sa fille, qui filme au smartphone, Zohra Chopin enfile un boubou sénégalais orange et noir avant la première de ses cinq prières de la journée. “Quand je travaille, je ne peux pas prier aux heures prévues pour. Alors le soir, avant de couper le jeûne, je rattrape les quatre autres prières à la suite.”
Zohra Chopin mange à partir du coucher du soleil: elle suit le Ramadan, la période annuelle de jeûne prescrite par l’islam. Parfois, cette habitante des Pays-de-la-Loire se réveille dans la nuit pour prendre des forces. Un rythme de vie effréné pour la sage-femme de 54 ans qui continue de travailler en maternité malgré le confinement. “Je commence ma journée à 7h20 et je termine à 19h40, ça fait des bonnes journées de 12 heures.” 12 heures pendant lesquelles elle doit porter en permanence un masque. “On a l’impression de respirer toujours le même air. Parfois, ça peut générer un mal de tête.” Les mesures de sécurité sont renforcées pendant la crise du Covid-19: les sages-femmes portent également des charlottes et des visières pour se protéger des postillons et du souffle des femmes accouchant dans l’effort.
Une nouvelle organisation
En ce moment, il faut également redoubler d’attention vis-à-vis des patientes: “Les conjoints ne sont pas acceptés pendant le séjour à la maternité. Ils ne peuvent venir que pendant l’accouchement. Ça génère beaucoup de stress pour les patientes, qui sont seules à gérer les premiers moments de la vie de leur enfant.” Un accompagnement psychologique plus poussé qui explique aussi le raccourcissement des séjours: “En temps normal, un séjour peut aller jusqu’à cinq jours. Actuellement, dès que l’enfant semble stable et en bonne santé, on laisse sortir à partir de trois jours pour que la mère retrouve sa famille.” Une toute nouvelle organisation qui demande une adaptation du personnel médical: “Il n’y a pas de télétravail pour les accouchements”, plaisante-t-elle.
À la tête d’un cabinet de consultation pour la préparation à la grossesse, la sage-femme a dû trouver des solutions pour continuer à exercer: “Les jours où je ne suis pas de garde, je tiens des consultations. Comme on ne peut plus se voir, nous faisons des télé-consultations. C’est quelque chose de rassurant pour elles. La situation angoisse la plupart des femmes enceintes, stressées à l’idée de ne pas pouvoir se préparer à la naissance. J’essaie de les guider de chez moi.”
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Jules Boiteau